Le doigt Cassé
J’aime les histoires, de toutes sortes, particulièrement celles racontées par mon père ou par n’importe quel individu issu d’une génération précédant la mienne. Voici une histoire, que j’ai moi même vécu étant plus jeune racontée par mon père. Je l’ai appelé “Le doigt cassé”.
Cela s’est passé à Niamey entre les mois d’août et septembre 1988. Je vous avais envoyé Maman, Bébé et toi par avion passer les congés à Niamey. Je devais vous rejoindre quelques jours plus tard par la route. Je venais d’acheter une Renault 19 toute neuve que l’usine m’a fait parvenir à Bamako par avion donc j’avais décidé d’en faire le rodage sur trajet Bamako Niamey. À l’époque, tu suçais deux doigts de ta main gauche(je crois bien qu’il s’agissait de l’index et du majeur). A mon arrivée à Bamako, à peu près trois semaines après vous, j’ai constaté que tu ne suçais plus tes doigts et tu pleurais dès qu’on te prenait la main gauche. En regardant de plus près, j’ai compris qu’il s’agissait d’une douleur du pouce. J’ai demandé à ta mère qui m’a dit ne pas savoir ce qui a pu se passer .Alors j’ai fait faire une radio qui a révélé une fracture de la deuxième phalange du pouce qui commençait à consolider. C’était une fracture qui datait d’au moins quinze jours déjà. Cela s’était passé chez mamie où à l’époque tes camarades de jeu étaient Ada qui était plus âgé que toi mais à peu près de la même taille, Halima presque de ton âge mais très calme, et parfois un ou deux autres petits garçons dont je ne me souviens pas très bien maintenant. C’était soit des cousins ou bien des enfants des voisins J’en ai déduit que tu t’es fait coincer le pouce dans l’embrasure de la porte en fer de la terrasse de mamie. J’ai personnellement soupçonné que c’était Ada qui était le plus agité de tous ou peut être toi-même. Seul Dieu sait. Et puis comme cela se passait à la maison chez mamie entre frères et soeurs, c’était délicat de faire une quelconque enquête ou investigation. Je suis resté pendant ces vacances deux semaines avec vous. Toi tu étais moins turbulent, très collé à moi à Niamey comme à Doutchi où nous sommes partis passer trois jours pendant ces vacances là. Ton grand père, que je rencontrais pour la première fois avait apprécié notre visite. Quand j’ai quitté Niamey au bout de deux semaines, ton pouce allait beaucoup mieux. Vous m’avez rejoint,Maman, Bébé et toi à Bamako une semaine plus tard par avion. Tu n’avais plus mal au pouce et tu ne suçais plus tes deux doigts. Comme quoi “A quelque chose, malheur est bon”.